Lettre ouverte à Natalie Dessay publiée dans Publi-Contact Défense du français, malmené par nos « élites »

25- Lettre ouverte à Natalie Dessay publiée dans Publi-Contact
Défense du français, malmené par nos « élites »

Dun le Palestel, le 17.12.2021

Chère Madame,

Voilà des années que je mène, seul, un combat qui n’est compris d’absolument personne… Serait-il envisageable que vous m’appuyiez ? Il s’agit du COUP DE GLOTTE à l’allemande, qui dénature notre langue depuis près de trente ans. Vous qui maîtrisez la langue de Goethe, notamment dans sa version chantée, vous voyez, bien sûr, ce à quoi je fais allusion (« Schön und stolz und regungslos » avec attaques de la glotte avant les « und »), des liaisons à la française « nund stolz », « zund regungslos » étant impensables.
Inversement, on affectionne traditionnellement la liaison devant les mots à voyelle à l’initiale (« chaste et pure » > « chasté pure », « je crois entendre encore » >  « … entendrencore ») ce, même en chant lyrique, la référence, en quelque sorte ; à plus forte raison, on devrait toujours faire la liaison, dans l’expression spontanée, par exemple « stablé résistant », « trait la nation », « causinadmissible ». Or il n’en est plus rien depuis, grosso modo, l’ère Chirac : il avait pour manie d’asséner systématiquement un coup de glotte avant les voyelles, ce qui était devenu sa marque de fabrique « ils sonte Achtung bicyclette! / HABsolument », « attitude Achtung bicyclette! / HINadmissible », « dernière Achtung bicyclette! / HEXpérience » etc. En quelques mois, ce tic langagier s’est répandu chez les journalistes et dans le reste de la classe politique. Aujourd’hui, on ne prononce plus que de cette façon dans « l’élite » qui, ainsi, se voit rétrogradée vers le bas de l’échelle qualitative.
Mais le déclin ne s’arrête pas là : par l’intermédiaire des tubes anglo-saxons, à l’accent allemand susnommé s’est ajoutée la prosodie alsacienne : le comble de cette tragique ironie se trouve chez Yves Duteil, dans sa « Langue de chez nous », fort belle chanson au demeurant. Le problème est qu’à la toute fin du poème, il accentue « toute une SYMphonie » au lieu de « toute une symphoNIe », dénaturant ainsi tout son hymne… Or cette prononciation se retrouve absolument partout dans les chansonnettes ou le rap, ce qui nère une PUrée grave Écœurante. Diable, suis-je donc le seul à avoir constaté cette déviance ?

Mais permettez que je me présente…

Pour me situer, voici trois liens renvoyant au site du Troubadour :

https://editionsdutroubadour.com/lettre-ouverte-a-madame-brigitte-macron-professeur-de-francais/
https://editionsdutroubadour.com/laccent-allemand-politiques-journalistes/
https://editionsdutroubadour.com/lettre-ouverte-a-france-lequel/

Test de Mérimée en 4 parties – Vite, prenons le français sous notre aile ! – Lettre ouverte aux directeurs d´écoles de journalisme

C’est en ma qualité de linguiste (doctorat en phonétique), d’amateur de chant lyrique (ténor raté mais aficionado de Natalie Dessay) et d’écrivain, que j’ai pris conscience de phénomènes complètement ignorés des intellectuels de l’Hexagone et que je ne parviens pas à faire comprendre, mes vis-à-vis étant aussi ignorants de la prosodie française que des langues étrangères ; de plus, mes quelques romans n’ayant pas encore percé (« Le Dîner de Paris », « Le chaste Fol », « Boulevard et Trébuchet », « Verdi und Wagner speisen gemeinsam », « Dramma giocoso », entre autres), je n’ai pas la moindre notoriété… Or c’est ce dont vous disposez depuis que vous êtes une familière de l’Olympe, et vous, on vous croirait…

Je serais mieux à même d’expliquer mes intentions de vive voix, si vous consentiez à me joindre au N°(crypté), ce dont je vous saurais vraiment gré, le tout pour l’amour de la langue de Molière. Inutile de préciser que mon cœur ne manquerait pas de faire un bond en entendant votre voix…

Je vous prie d’agréer, cher Madame, l’expression de mon admiration la plus profonde et mes salutations les plus cordiales.

Ch. Treuil de Montessieu

(alias Vincent Lepalestel)