À ceux qui, devant un micro parisien, aboient les voyelles

Le 03.09.2023

mis à jour le 11.09.2023

Diction saccadée des débutants lisant devant un micro ; à Paris, nombre de journalistes et de politiques en seraient-ils donc à leurs premières armes ? Le problème est que leur déplorable tic langagier fait tache d’huile à travers l’Hexagone, tout en heurtant les oreilles des francophones d’autres pays…

Cessons de massacrer la langue de Molière ! À titre d’exemple, gardons-nous d’imiter celui qui lit « Quand les dieux rôdaient sur la terre » sur France-Inter, au demeurant une émission passionnante et enrichissante… Ce « comédien » (?) a manifestement une dent contre les voyelles initiales, qu’il s’évertue à attaquer d’un coup de glotte à l’allemande, comme s’il passait à l’abordage, ce qui rend l’écoute pénible ; dommage qu’il n’ait pas suivi de cours d’art dramatique… Il en va de même pour les présentateurs lisant les passionnants reportages diffusés par cette chaîne exceptionnelle qu’est Arte ; en effet, on y entend des monstruosités telle « cette //stop+attaque// HEXxtraordinaire //stop+attaque// HEFFervescence //stop+attaque// HARtistique //stop+attaque// HET culturelle », alors qu’un Français communiquant sans microphone prononcerait aisément « cettextraordinaireffervescençartistiquet culturelle ». Cette diction hachée fait qu’on préfère zapper…

D’ailleurs, la pandémie fait des ravages dans le P. A. F. : armés d’un micro, beaucoup de locuteurs se sentent obligés d’imiter un enfant de CP qui hésite chaque fois qu’il voit arriver une voyelle, et marquent un temps d’arrêt… Ressaisissez-vous !  En français, ON N’ATTAQUE PAS LES VOYELLES, ON FAIT DES LIAISONS afin de garantir la fluidité de l’élocution et de ne pas transformer la langue en sabir germano-arabe…

Voici quelques exemples de ce que l’on entend AU QUOTIDIEN sur nos radios et télés, un tic langagier qui entache grandement les efforts des tenants de la « francophonie » dans le monde : voyez comme on y passe à l’abordage des voyelles initiales…

Comble de l’ironie, depuis quelque temps, ON PRONONCE MIEUX LE FRANÇAIS EN AFRIQUE FRANCOPHONE QUE SUR LES ONDES DE L’HEXAGONE !

Vite, prenons le français sous notre aile…

Vincent Lepalestel

docteur en Sciences du Langage