Le 13.11.2023
Tout est fugace, absolument tout : ainsi le soleil qui, après avoir brillé tout son soûl, retourne à l’océan, ainsi la lune qui, pleine hier encore, déjà décroît… Ainsi encore nos cuisantes peines de cœur qui, bientôt, se mueront en zéphyr…
Mais qui a donc laissé ce graffiti sur un mur de Pompéi ? Le fait est que cette pensée ne comporte aucune signature. De toute façon, le silex ne cessant de glisser vers le bas ou sur les côtés, l’auteur l’eût bâclée ; alors je lui ai inventé l’identité suivante : Claudius V. Marcellus (20 – 81). Jouant au démiurge, j’ai refusé de le faire périr lors de l’éruption du Vésuve d’octobre 79, et l’ai imaginé mourant de sa belle mort à l’âge de 61 ans…
Ironie du destin, ce que les coulées pyroclastiques n’étaient pas parvenues à détruire, une tornade le fit en 1913, réduisant le pan de mur à néant. Tout est donc bel et bien fugace, serait-on enclin à penser ; or grâce au 8ème art, d’innombrables photographies en avaient été prises avant sa disparition, ce qui permettrait de contredire le poète… En tout état de cause, il y a là matière à dissertation, puisque la notoriété mondiale de Claudius V. Marcellus ne concerne même pas le véritable auteur.
Au fait, voici le libellé de l’original transcrit au propre : “Nihil durare potest tempore perpetuo: cum bene sol nituit, redditur Oceano, decrescit Phoebe, quae modo plena fuit, Venerum feritas saepe fit aura levis…“
Vincent Lepalestel
P. S. : cette sorte de « vanité » pompéienne sert d’écrin au roman Boulevard et Trébuchet ou Hologramme des hologrammes publié au Troubadour en 2021.