La tombe des mots assassinés par les journalistes français s’apprête à en recevoir d’innombrables, tous morts derrière des micros parisiens…
Le 08.03.2025 page en travaux
En voici 4 parmi les plus menacés.
1- L’agonie de DEPUIS
Quelle est la faute qui s’est répandue comme une traînée de poudre EN un an à peine ? Oui, je vous le demande, quelle est la faute qui se répand comme une traînée de poudre DEPUIS cinq ans à peine ?
Celle qui consiste à l’emploi de la préposition DEPUIS avec le passé composé.
En voici un exemple entendu au quotidien dans la bouche de « LETTRÉS » : « On a commencé depuis deux ans » au lieu de « On a commencé il y a deux ans ».
À contrario, la phrase « On le répète depuis deux ans » ne veut plus rien dire, si l’on formule « on l’a répété depuis deux ans » ; de même « il a abandonné il y a deux ans » devient un non-sens si l’on écrit « il a abandonné depuis deux ans ».
N. B. : ladite préposition DEPUIS fait bon ménage avec le présent lorsqu’il s’agit d’un état. Exemple « il est éteint depuis un an » = « il y a un an qu’il est éteint », alors que l’on dira « il s’est éteint il y a un an ».
2- L’agonie de LEQUEL
3- L’agonie de PIRE
4- L’agonie de DÈS. À l’aide, Académiciens encore alertes, alerte, alarme ! L’adverbe « dès » n’est nullement synonyme de la locution « à partir de », mais lui ajoute une notion subjective ; ainsi Victor Hugo n’a-t-il pas écrit « Demain, à partir de l’aube… »
Si vous ne saisissez pas la nuance, l’anglais ou l’allemand vous éclaireront sûrement : dès = as soon as / gleich ab – à partir de = starting on / ab
Alors, de grâce, qu’on arrête de dire ou d’écrire « dès 30 euros », ça pas être bon français…, pas davantage que « le journal télévisé commence chaque jour dès vingt heures ».
Merci donc, chers Académiciens, d’alerter les médias, les Ministères de l’éducation, de la culture, la SNCF et même l’Élysée, ce dès demain ! Et à partir d’aujourd’hui, je ne vous importunerai plus au sujet de ce mot mot-ribond.
Vincent Lepalestel