« est-ce que » : un venin mortel dans une phrase déclarative ! Journalistes et politiques, attention !

« est-ce que » : mortel pour le français dans une phrase déclarative ! Journalistes et politiques, attention !

Consommée à petites doses, l’unité figée que représente cette locution interrogative dépourvue de sens est tout à fait indiquée, pour peu qu’elle soit employée à bon escient. En revanche, si elle tombe entre les mains d’illettrés, elle s’avère tout simplement létale pour notre langue… Exemples : « Quel est votre avis sur est-ce qu’il faut dissoudre l’Assemblée ? » alors que le journaliste pourrait dire « Quel est votre avis sur la question de savoir s’il faut dissoudre l’Assemblée ? » ou encore « Je ne sais pas est-ce qu’il faut davantage se méfier de Poutine que de Trump. » au lieu de « Je ne sais pas s’il faut davantage se méfier de Poutine que de Trump. » ou encore « Ça permet de voir qu’est-ce qu’ils font. » au lieu de « Ça permet de voir ce qu’ils font. » (Dans ce cas fascinant, l’unité interrogative est-ce que se trouve en partie masquée avec, comme point de départ « Que font-ils ? », qui devient « Qu’est-ce qu’ils font ? »)

L’anal–phabète est alors en droit d’objecter « Mais ce fatras est beaucoup trop long ! », ce en  quoi on lui donne raison, « ouaf-ouaf », « groin-groin », « miaou-miaou » ou « cott-cott » étant nettement plus concis…

Pour résumer, voici une explication se voulant à la portée de tous :

« est-ce que » s’emploie

  • en tête de question lorsque celle-ci appelle une réponse par OUI ou NON : Est-ce que tu viens demain ? Est-ce quil pleut beaucoup ?
  • après un adverbe ou un pronom interrogatif, dans les interrogations directes ou indirectes : Quand est-ce qu’il vient ?

Les maîtres-mots sont donc ici : QUESTION ou INTERROGATION.

Est-ce que, dans une phrase déclarative, est donc un venin qui tue le français à petit feu ! 

Les traîtres-mots sont donc ici : PHRASE DÉCLARATIVE

Vite, prenons le français sous notrAILE !

Vincent Lepalestel,

linguiste