Nihil durare… graffiti pompéien de Claudius V. Marcellus, un illustre inconnu

Le 13.11.2023 complété le 28.03.2025

Tout est fugace, absolument tout : ainsi le soleil qui, après avoir brillé tout son soûl, retourne à l’océan, ainsi la lune qui, pleine hier encore, déjà décroît… Ainsi encore nos cuisantes peines de cœur qui, bientôt, se mueront en zéphyr… *

Mais qui a donc laissé ce graffito sur un mur de Pompéi ? Le fait est que cette pensée ne comporte aucune signature ; de toute façon, le silex ne cessant de glisser vers le bas ou sur les côtés, l’auteur l’eût bâclée. Alors, je lui ai inventé l’identité suivante : Claudius V. Marcellus (20 – 81). Jouant au démiurge, j’ai refusé de le faire périr lors de l’éruption du Vésuve d’octobre 79, et l’ai imaginé mourant de sa belle mort à l’âge de 61 ans…  

Ironie du destin, ce que les coulées pyroclastiques n’étaient pas parvenues à détruire, une tornade le fit en 1913, réduisant le pan de mur à néant. Tout est donc bel et bien fugace, serait-on enclin à penser ; or grâce au 8ème art, d’innombrables photographies en avaient été prises avant sa disparition, ce qui permettrait de contredire le poète… L’Internet vint compléter le miracle. En tout état de cause, il y a là matière à dissertation, puisque la notoriété mondiale de Claudius V. Marcellus ne concerne même pas le véritable auteur.

* Au fait, voici le libellé de l’original transcrit au propre : Nihil durare potest tempore perpetuo: cum bene sol nituit, redditur Oceano, decrescit Phoebe, quae modo plena fuit, Venerum feritas saepe fit aura levis…

Vincent Lepalestel

P. S. : cette sorte de « vanité » pompéienne sert d’écrin au roman Boulevard et Trébuchet ou Hologramme des hologrammes publié au Troubadour en 2021.