Lettre ouverte à la Comédie française et à son administrateur monsieur Éric Ruf : répandre la BONNE parole ?

13- à la Comédie française et à son administrateur monsieur Éric Ruf

Dun le Palestel, le 25.09.2022

Objet : répandre la BONNE parole ?

Cher Monsieur,

Votre père ayant des origines allemandes (wikipédia scripsit 😊), et ayant moi-même la double nationalité, vous saisirez immédiatement que le coup de glotte n’a rien à faire dans la langue de Molière…  

Pratiquement inconnue dans les dialectes germaniques, cette caractéristique est incontournable en Hochdeutsch, comme on l’entend à l’opéra ou dans les lieder ; pour mémoire, précédé d’une césure, ce « hoquet » attaque les voyelles à l’initiale, comme on le fait exceptionnellement chez nous pour certains noms comme « la haine, le ron, une hernie, une hausse ».

Le coup de glotte viral s’étant propagé dans l’élite hexagonale en à peine dix ans, on peut redouter qu’il ne vienne contaminer jusqu’à votre Maison et, partant, notre noble répertoire : « vieillesse Hennemie », « cette Hinfamie », « d’une Hinnocente Hamour. »

Vous l’aurez certainement remarqué, en ce début de 21ème siècle, quiconque lisant un texte devant un auditoire éprouve le besoin de s’adonner à cette curieuse prosodie, en clair, de prendre l’accent allemand ; il en va des journalistes (même sur France Culture) comme des politiques. Aïe, voilà que les comédiens s’y mettent Haussi… En fait, on a l’impression qu’ils déchiffrent ! Le problème est que cela contamine des millions d’auditeurs. Dieu merci, le « petit peuple », dont je fais partie, ne prononce pas (encore), par exemple « cette Hinsupportable Hattente Hen’ Hiver… », mais lie agréablement cettinsupportablattenten niver

Appréciant Laurent Stocker, je ne donne donc pas dans la médisance ; le fait est que j’ai écouté sur France Inter sa lecture de « Aphrodite, ou comment l’amour peut faire ou défaire le monde », un texte de Pierre Judet de La Combe. Or sa prononciation est’e Hachée, à cause, précisément, des incessants coups de glotte à l’allemande devant les voyelles… Exemples relevés parmi d’innombrables : « … de quelle treinte Hamoureuse Hil s’agit. », « son pouvoir rotique Hest’e Hirresistible » etc.

Malheureusement, Laurent Stocker n’est pas le seul sociétaire dans ce cas ; à la décharge de tous les orateurs qui sont’e Hatteints de cet’ Himmonde virus, ils ne s’en rendent absolument pas compte. Je veux bien, mais, de grâce, PAS AU FRANÇAIS !!!!

J’ai une grande faveur à vous demander : auriez-vous l’obligeance de relayer le lien suivant : https://editionsdutroubadour.com/laccent-allemand-politiques-journalistes/ ? Il y va de notre bien à tous, cette merveilleuse langue française… D’avance merci de tout cœur.

Très cordialement,

Ch. Treuil de Montessieu